💃 Sur un air latino

Ils s’appellent Bad Bunny, RosalĂ­a, J. Balvin ou Karol G. Si leur nom ne vous dit rien, un cours de rattrapage s’impose. Car, depuis quelques annĂ©es, une petite rĂ©volution se joue au plus haut des charts mondiaux. 

C’est bien simple, la musique hispanophone (comprenez chantĂ©e en espagnol) n’a jamais Ă©tĂ© aussi populaire. Pour preuve, quatre des dix artistes les plus Ă©coutĂ©s dans le monde sur Spotify en 2023 sont latinos. DĂ©cryptage d’un raz-de-marĂ©e musical (LV2 espagnol conseillĂ©e !).

Et si tout avait commencé avec « Despacito » ?

Il fut un temps oĂč la colombienne Shakira et le portoricain Ricky Martin devaient chanter en anglais pour percer Ă  l’international
 Aujourd’hui, ce temps est rĂ©volu ! Et si c’était grĂące Ă  Luis Fonsi, Daddy Yankee et leur succĂšs planĂ©taire « Despacito » ?

À moins d’avoir passĂ© l’étĂ© 2017 dans une grotte, ce titre doit vous Ă©voquer quelques souvenirs. NumĂ©ro un dans 45 pays, Ă  l’époque, la balade en espagnol fait figure d’OVNI : il faut remonter Ă  la « Macarena », vingt ans plus tĂŽt, pour retrouver un succĂšs mondial vaguement comparable. 

L’impact de ce tube d’un Ă©tĂ© est en fait Ă©norme : c’est lui qui permet au reggaeton de faire une percĂ©e sur les radios du monde entier.

Du reggaeton à la déferlante trap latino

Le reggaquoi ? Petit cours d’histoire pour les novicios. Le reggaeton est nĂ© dans les annĂ©es 90 Ă  Porto Rico. Ça parle d’amour, de fĂȘte et surtout de sexe. En tĂ©moigne l’un des premiers succĂšs mondiaux de ce reggae en espagnol : « Papi Chulo » de Lorna (2003). 

Le Roi du reggaeton, celui qui va le faire connaĂźtre Ă  l’international, c’est donc Daddy Yankee, avec le tube « Gasolina » en 2004 jusqu’à l’explosion « Despacito » en 2017.

Dans son sillage, de nouveaux venus comme Maluma ou J Balvin vont twister le reggaeton avec d’autres genres et notamment la trap (ce courant du rap reconnaissable Ă  ses beats lents et ses instrus Ă©lectro).

La trap latino est nĂ©e. Dans son versant pop, elle est menĂ©e par la chanteuse Karol G, forte de quelques 8 milliards d’écoutes sur Spotify (quatre fois plus que BeyoncĂ© !). Ozuna lui peut se targuer de dĂ©tenir le record mondial de vidĂ©os affichant plus d’un milliard de vues sur YouTube (neuf en comptant ses feats).

 

Maluma sur la scĂšne de l'Accor Arena (2022).

Mais celui qui va dĂ©finitivement porter la trap latino aux oreilles du monde entier, c’est l’éclectique Bad Bunny. Signe de son influence considĂ©rable, il est le premier hispanophone Ă  faire la Une du Time Magazine et Ă  voir son album nommĂ© aux Grammy Awards, le tout en 2023.

L’autre tĂȘte d’affiche de la musique latine, notamment en Europe, n’est autre que RosalĂ­a. MĂ©langeant flamenco, pop et reggaeton, la chanteuse espagnole a, en six ans de carriĂšre, dynamitĂ© l’industrie musicale (et l’Accor Arena en dĂ©cembre 2022 !). RĂ©sultat : l’acclamĂ© Motomami est le deuxiĂšme album fĂ©minin le plus Ă©coutĂ© dans le monde cette annĂ©e-lĂ . 

Bad Bunny, Time Magazine, mars 2023.
RosalĂ­a, Rolling Stone, janvier 2023.

Featurings et remix : le secret d’une popularitĂ© dĂ©cuplĂ©e

Si les collaborations sont lĂ©gion dans le monde de la musique, les artistes latinos ont eux Ă©levĂ© featuring et remix au rang d’art ! Et ces deux techniques ne sont pas Ă©trangĂšres au succĂšs fulgurant de leurs chansons. Ainsi, la prĂ©sence de Justin Bieber sur le remix de « Despacito » et celle de BeyoncĂ© sur celui de « Mi Gente » de J Balvin ont assurĂ©ment boostĂ© leur mise en lumiĂšre. 

Quant au feat, il permet d’attirer les fans de plusieurs artistes sur un mĂȘme morceau et ça, Ozuna, Karol G et les autres l’ont bien compris ! En tĂ©moigne « China » qui rĂ©unit cinq pointures du reggaeton et cumule plus d’un milliard d’écoutes sur Spotify. Et si Jul et sa Bande OrganisĂ©e n’avaient, en fait, rien inventĂ© ?

Des codes hip-hop revus et corrigés version 2024

Bad Bunny et ses ongles vernis. J Balvin et ses cheveux arc-en-ciel. Deux stars du hip-hop, deux fervents soutiens aussi de la communautĂ© LGBTQ+. Ce qui frappe c’est l’aisance avec laquelle ces nouvelles idoles transgressent les codes d’un genre autrefois gentiment macho voire sacrĂ©ment sexiste – et emmĂšnent avec eux leurs millions de fans

Tout comme leurs consƓurs RosalĂ­a et Karol G qui affichent leur fĂ©minisme et revendiquent, surtout, leur libertĂ©. « Depuis des gĂ©nĂ©rations, on s'identifie Ă  des chansons Ă©crites par des hommes et on essaie de se conformer Ă  leur point de vue [...]. Nous avons Ă©coutĂ© ce qu’ils avaient Ă  dire et maintenant c’est eux qui Ă©coutent. C'est pour ça que je parle de tout, sans limites, sans tabous, sans rĂ©serves, sans prĂ©jugĂ©s. » expliquait Karol G Ă  Brut en mars dernier. 

RĂ©solument libre, prĂ©curseuse, subversive
 Et si c’était ça, aussi, la force de cette nouvelle gĂ©nĂ©ration qui incarne une culture Ă  la fois mondialisĂ©e et singuliĂšre ?

Bad Bunny au Met Gala 2023.
Karol G et son tatouage "Girl Power". J Balvin sur Instagram.

En quelques annĂ©es, l’espagnol est donc devenue la nouvelle langue de la pop-music mondiale et la dĂ©ferlante latino se poursuivra Ă  coup sĂ»r en 2024. Il n’est pas trop tard pour prendre le train en marche ! J Balvin sera sur la scĂšne de l’Accor Arena le 22 mai prochain pour l’unique date française de sa tournĂ©e, et sa compatriote Karol G lui succĂšdera un mois plus tard pour son tout premier concert en France. Deux rendez-vous exceptionnels Ă  ne pas manquer !